Brève description / annotation

Vincent Gille nous présente ici dix contes drolatiques, d'une écriture aussi simple que subtile et virtuose. On pourra songer à Queneau, ou aux vertiges modestes et poignants d'Un Singe en hiver, ou encore à la tendresse d'un Capra qui serait venu arpenter les rues de Paris : en vérité, il s'agit à chaque fois de « poèmes » très délicats qui attrapent le proche, le monde, les gens, les choses, un peu comme on pèle un oignon, pour soulever et retourner toutes les strates dont il se compose. Le rêve, bien sûr, mais aussi l'humour, les jeux de mots, les décalages, les écarts, les associations d'idées... tout sert ici à la révélation des mondes possibles au coeur du nôtre, à la révélation du sens qui nous échappe en se composant et se recomposant sans cesse pour combler notre coeur, étancher notre soif de voir et d'aimer, notre soif d'être. Et tout cela - au gré d'une écriture limpide et savoureuse, discrètement savante et parfaitement maîtrisée - semble facile, semble même ne pas cesser de s'offrir à notre expérience : penchons- nous seulement à cette fenêtre, écoutons cette petite musique, regardons cette jeune fille qui passe... Vincent Gille sait faire mesurer quel profond réalisme, quel amour de la réalité il y a dans ce qui ressemble tour à tour à une sur-réalité et à une sous-réalité : passant dans le même temps de l'humour à la tendresse, d'une mélancolie éperdue aux saveurs les plus immédiates et les plus joyeuses. Il y a ici un grand art du sourire et de ses recès, et l'on ne sait trop si l'on sourit simplement pour ne pas se laisser désarçonner par l'énigme qu'est vivre. Ces contes, composés sur de nombreuses années, laissent filtrer une profondeur d'expérience sans guère d'équivalent - et sans rien qui pèse ou qui pose.

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