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Ces dernières années, les rééditions des oeuvres de Remy de Gourmont, poète, romancier, essayiste et critique littéraire, se sont multipliées, indice que le temps de la redécouverte de l'auteur de "Sixtine", du "Livre des masques", de la "Physique de l'amour", du "Chemin de velours", du "Latin mystique", est enfin venu. Son oeuvre d'essayiste, à laquelle il doit surtout sa célébrité, se fonde sur une méthode originale qu'il appela la « dissociation d'idées ». C'est une formidable entreprise de mise en doute et d'examen critique des idées reçues. C'est dans le droit fil de cette méthode que s'inscrivent les maximes, aphorismes ou fragments (il les présenta d'abord comme des « Insinuations » et des « Phrases ») qu'il publia par séries à partir de 1902 dans de nombreuses revues, dont "L'Ermitage" et "Le Mercure de France", sans jamais les réunir en volume. Un titre revient dans la plupart de ces publications partielles : "Les pas sur le sable". C'est sous ce titre qu'en fut publié un choix restreint en 1919, dans une édition réservée aux bibliophiles. Bien qu'une édition plus large, aujourd'hui introuvable, ait paru en 1989, jamais l'intégralité des maximes et pensées de Remy de Gourmont n'avait été rassemblée. Thierry Gillyboeuf, qui vient d'achever la biographie de l'écrivain, en donne ici la première édition intégrale, rassemblant 867 fragments publiés dans l'ordre chronologique de leur écriture. On y découvre un esprit d'une sagacité impitoyable, tour à tour ironique, provocateur, mélancolique, parfois misanthrope mais toujours profondément humain, forçant à chaque ligne le lecteur à sortir de ses certitudes. Éminemment dignes du statut de livre de chevet, "Les Pas sur le sable", enfin révélés dans leur intégralité font de Gourmont l'un des plus grands moralistes français, digne héritier de La Rochefoucauld, de Vauvenargues ou de Chamfort, mais un héritier nourri de la lecture de Nietzsche, ce qui confère à sa pratique de l'écriture fragmentaire une extrême modernité.

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