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Avec Formation, la première partie de son autobiographie, le musicien de Brad Mehldau se révèle auteur et compose une large fresque inspirée du roman d'apprentissage goethéen. Nourri d'influences littéraires et philosophiques, son récit montre comment musique et littérature peuvent se faire les guides de notre propre histoire. Le livre s'ouvre par une plongée dans l'enfance et une introspection de ses traumatismes, aussi destructeurs que formateurs pour l'artiste à venir. L'exploration se poursuit avec une enquête sociologique et musicologique disséquant la scène new-yorkaise du jazz des années 1990. Ses questionnements les plus brûlants -; quelle relation le jazz entretient-il au passé ? quelle est son éthique ? -; ont façonné, de manière existentielle, son propre canon musical. Pour Mehldau, cette histoire est inséparable de son addiction aux drogues dures, qu'il dévoile sans masque pour conter ce qui fut une rédemption miraculeuse guidée par la musique et ses proches. Ce récit d'une Amérique fin-de-siècle livre une critique en règle de la vision du jazz formulée par Theodor W. Adorno. Mais le plus surprenant reste le véritable exercice littéraire auquel se prête l'auteur : l'investigation d'un pan de la littérature allemande du xxe siècle, Thomas Mann en premier lieu, mais aussi Rilke dont il suit l'exhortation à " vivre les questions maintenant ".

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