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Le 3 février 1930 la famille Montazini arrive en Gascogne, dans le bourg de Floréal. Durant six mois, ma grande soeur Mariéta, notre père Émilio et moi, avions vécu dans un petit logement, au château Tourne Pique. Lorsque le capitaine Aristide Clément Autun, propriétaire du château, proposa à papa d'acheter la ferme de L'Arcange, Mariéta et moi étions les plus heureux au monde. Cette ferme était délaissée depuis plusieurs années et les terres réduites à l'état de friches, mais cela nous était complètement égal. Nous aurions enfin une maison bien à nous et l'important était là. Située à presque cinq kilomètres de Floréal, la maison de L'Arcange est une mosaïque de pièces imbriquées les unes dans les autres. Une atmosphère assez particulière émane de cette bâtisse. Les murs sont un savant mélange de pierres, de torchis et de briques en terre rouge. Les toitures, exposées de façon anarchique, offrent une palette de couleurs chatoyantes patinées par le temps. Je pense que c'est tout cela qui m'a fait immédiatement aimer cette maison. Je me rappelle fort bien ma première visite. Je précédais papa et Mariéta et, comme pour découvrir un trésor, j'appuyai doucement sur la clé du loquet. Puis, lentement, dans un grincement, j'avais poussé toutes les portes et mon imagination s'était aussitôt mise à pétiller. J'étais persuadé que cette valeureuse bâtisse recélait des secrets et des mystères enfouis depuis la nuit des temps. En réalité, ce que nous allions découvrir quelques mois plus tard dépassa toutes mes espérances. En septembre 1933, le père Guillaume, un religieux de l'abbaye de Flaran, nous apprit l'origine du nom de L'Arcange.

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