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Bien que nous ayons souvent l'occasion de voir la mer, nous oublions facilement que notre monde est essentiellement un océan. L' « océan ouvert » - l'immense étendue des eaux internationales - commence à peine à quelques kilomètres du rivage, et s'étend sur les trois quarts du globe. C'est un lieu sauvage : à une époque où chaque morceau de terre est revendiqué par un gouvernement ou un autre, c'est également un lieu qui demeure radicalement libre. Avec son lyrisme tout en retenue, William Langewiesche explore cet océan-monde, ainsi que les différentes entreprises - légales et illégales - qui fleurissent dans la privauté de ses horizons. Les 43 000 cargos qui constituent la flotte mondiale ne cessent d'aller et venir, transportant à peu près toutes les matières premières et les produits sur lesquels nos vies reposent. La plupart sont la propriété de compagnies-fantômes, qui n'existent que sur le papier. Ils sont l'incarnation du capital mondial moderne, et les objets les plus volatiles sur terre. Voici la libre entreprise à son sommet, d'où les nations industrielles se sont désengagées. Les facettes de ce chaos mondial : naufrages et pollution, vies dures et morts violentes des équipages, et la croissance de deux pathologies parfaitement adaptés à cet univers : une variante moderne et sophistiquée de la piraterie, et son proche cousin, la forme maritime du nouveau terrorisme mondial. C'est la mer hors-la-loi- à jamais rebelle et indompté - que Langewiesche nous donne ici à voir de façon saisissante. L'océan est notre monde, nous rappelle-t-il ; et ce monde est sauvage. Ce livre jette une lumière décisive sur un système dont dépend l'économie mondiale, mais pour lequel elle refuse de se tenir responsable.

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