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Dès 1955, les dirigeants japonais choisissent de développer le nucléaire civil alors que deux villes du pays ont été atomisées. Pourquoi cette précocité et comment a-t-elle été possible auprès d'une population traumatisés ? Comment ce choix a-t-il pu advenir sur un territoire, le Japon, dont on sait l'extrême sismicité ? Les noms de Hiroshima et de Fukushima sont connus du monde entier et symbolisent chacun la catastrophe liée à la question nucléaire. Si ces catastrophes sont bien différentes (bombardement d'un côté, accident de l'autre), elles ont de nombreux points communs, non seulement dans leurs conséquences (destruction d'un espace, radioactivité, géographie et société bouleversées) mais aussi dans leur genèse. Les livres sur Hiroshima essaient généralement de savoir si une autre issue pour mettre fin à la guerre aurait été possible, quand ceux sur Fukushima restent souvent à un niveau descriptif des évènements, nécessaire, mais insuffisant. Dans cet essai, mêlant géohistoire et géopolitique, Philippe Pelletier analyse l'ensemble d'une logique qui lie ces deux catastrophes. Il s'attaque aux causes profondes de ces drames nucléaires : les stratégies politiques à l'oeuvre et leur collusion avec la mafia, la pression des enjeux économiques et industriels. Construisant des ponts entre nucléaire civil et militaire l'auteur éclaire notamment cette logique au travers du concept de guerre. Question politiquement chaude, à l'interface du débat sur l'usage du nucléaire et des questions de politique environnementale, cet ouvrage s'appuie très largement sur des sources japonaises peu connues en France ce qui en fait un document aussi innovant que pertinent. Cependant, à travers le cas du Japon, c'est bien une réflexion universelle qu'il s'agit de mener. À l'heure de la lutte contre les gaz à effet de serre, l'industrie et l'énergie nucléaire sont largement réhabilitées et l'opposition à l'électronucléaire devient une façade. Si le slogan no more Hiroshima est connu dans le monde entier, no more Fukushima semble inaudible... En France le nucléaire est la première source d'électricité, le territoire compte 57 réacteurs et accueille aujourd'hui une nouvelle génération d'EPR.

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