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Après les déclarations d'indépendance, les héros qui avaient défié les puissances coloniales s'étaient installés comme des seigneurs pour recevoir vénération, au motif qu'ils avaient risqué leur vie. Ceux qui avaient reçu naïvement l'indépendance «généreusement» offerte s'étaient agenouillés pour adorer le «grand seigneur» qui venait de faire grâce. En fait, les uns et les autres s'étaient comportés dans les années 60 comme les hommes de Hannibal à Capoue : au lieu de transformer l'indépendance formelle en souveraineté effective, ils avaient préféré la fête sous le regard intéressé du colonisateur qui, à contrecoeur, ramassait encore ses effets pour s'en aller. Étourdies par les honneurs de la «victoire» ou la ferveur de l'adoration, les élites africaines de ce temps-là n'avaient pas vu le partant se déguiser en maître de cérémonie. Dans ce contexte, la colonisation s'est muée en néocolonisation qui persiste. Contre le néocolonialisme et toute forme d'impérialisme, le peuple burkinabè se dresse de nouveau. Les chances de succès de cette lutte que d'autres peuples observent avec intérêt, résident dans la mise en oeuvre effective de l'Intégrité comme projet politique de société. En effet, la force d'un peuple, c'est son projet de société.

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