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La presse libérale est mi-sidérée mi-incrédule face au résultat de l'élection américaine. Il n'a pas suffi que Donald Trump ait été pris presque en flagrant délit lors de l'assaut du Capitole, ni qu'il ait été traduit en justice et condamné pour des actes à mi-chemin entre le sordide et le ridicule. Promoteur immobilier à la langue bien pendue, vendeur au mètre carré de ses appartements parmi les nouveaux riches de New York, interprète de lui-même dans le monde factice d'une téléréalité où il simulait des licenciements instantanés de son bras impérieux, l'homme s'était proposé de personnifier le brand, la marque commerciale, du capitaliste à succès, entouré du luxe tapageur de sa Trump Tower et de ses casinos, ainsi que de la réputation très médiatisée de ses conquêtes féminines. Lors de sa prestation de serment, le nouveau président a décrété la fin du « déclin » américain et le début d'un « nouvel âge d'or », une allusion au Gilded Age, l'époque du développement tumultueux du capitalisme américain dans les dernières décennies du XIXe siècle, jusqu'à son irruption impérialiste. La présidence américaine s'imagine pouvoir affronter le déclin des États-Unis en ressuscitant les politiques et les modèles de son ascension impérialiste, comme si l'on imitait l'aube pour échapper au crépuscule. C'est véritablement un signe des temps. À l'époque, les États-Unis n'avaient pas à affronter une Chine de puissance équivalente ; ils avaient plutôt vis-à-vis de l'Empire britannique en déclin le même rôle historique qu'a aujourd'hui la Chine ascendante vis-à-vis des États-Unis. Prêtons bien attention à ce fait : lorsque Washington vit que l'Allemagne wilhelminienne était un autre prétendant à l'héritage britannique, il se sentit obligé d'intervenir dans la Première Guerre mondiale. Et c'est là qu'il faut explorer les différences et les analogies avec l'irruption actuelle de la Chine.

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