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Alors que les discours europhobes se multiplient un peu partout, la question d'une dislocation de l'Union est sérieusement posée. Et les déclarations d'europhilie n'y changeront rien si les actes ne suivent pas les paroles. Quel bilan tirer d'un demi-siècle de politique française vis-à-vis de la construction européenne ? Si l'Union actuelle est une confédération lâche et sans capacité d'action, affirme l'auteur, c'est en partie parce que nos gouvernements successifs n'ont eu de cesse de saper l'intégration politique, voulant de manière contradictoire « une Europe forte avec des institutions faibles ». Pour justifier ce comportement, intellectuels et politiciens ont brandi l'épouvantail d'une Europe réduite à l'état de « grande Suisse ». Les prenant au mot, Matthieu Calame, essayiste franco-suisse, revient sur le contexte politique qui conduisit la vieille confédération helvétique - ligue médiévale marginalisée au moment où se constituent les puissances européennes - à se transformer pour survivre, au milieu du XIXe siècle, en État-nation multiculturel. Alors que la lutte pour l'hégémonie mondiale est engagée entre très grandes puissances - États-Unis, Russie, Chine, Inde -, ne serait-ce pas le moment de faire, enfin, le grand saut fédéral et de se constituer en véritable État-nation européen ? À la veille des élections européennes, la question mérite d'être posée.

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