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Michel Foucault est la star incontestée des labos de recherche, le coproducteur de la théorie du genre, l'auteur en sciences humaines le plus cité dans le monde. Un saint, a fucking saint, « un putain de saint », selon l'expression de David Halperin dans son Saint Foucault, béatifi é après son décès, en 1984, des suites du sida. Depuis cette date, on n'en fi nit pas de célébrer le retour du fi ls prodigue de la « French Th eory ». Les trente ans de sa mort, en 2014, ont donné lieu à une avalanche d'hommages. La Bibliothèque nationale a acquis ses archives pour 3,8 millions d'euros. Aujourd'hui, il intègre le Panthéon du papier Bible : la collection de la Pléiade. Plus qu'une consécration : un sacre posthume. On le consulte comme une Pythie aux oracles obscurs, mais infaillibles, lui qui annonçait, pêle-mêle, la mort de l'homme, le devenir mutant de l'espèce, le retour à l'androgynie primordiale et l'avènement d'un nouvel âge « trans » - le totem d'une époque sans tabous. « Quel est cet «aujourd'hui» dans lequel nous vivons ? », se demandait-il. Eh bien, c'est très largement le sien. Il se confond avec l'esprit du temps. Rarement une oeuvre n'aura aussi intensément préfi guré un moment historique. L'auteur de l'Histoire de la folie à l'âge classique et de Surveiller et punir n'en demeure pas moins énigmatique, lui qui s'est toujours retranché derrière ses masques successifs. Sa virtuosité de nécromancien, son intelligence de funambule, sa langue fl amboyante. Archéologue du savoir, il scrutait méthodiquement les origines, mais dissimulait soigneusement les siennes. Restait donc à retracer la généalogie du généalogiste sans adopter un ton uniformément hagiographique. François Bousquet s'en est chargé dans un essai irrévérencieux au style enlevé, à la croisée du portrait d'humeur et de l'examen clinique. Un contrepoint stimulant dans un concert de louanges.

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