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En 2018, Nicolas Wagré, ingénieur dans l'industrie automobile, décide de tout plaquer et d'aller à la rencontre des ouvriers, un monde inconnu qu'il dirige pourtant depuis 20 ans. Il postule dans une société d'intérim à des emplois de manoeuvre sans faire état de son diplôme : il est éboueur, balayeur, travailleur à la chaine et opérateur d'assemblage... Il rencontre des ripeurs, chauffeurs, caristes, ouvriers spécialisés ... Nombre d'entre eux sont des immigrés bien intégrés. Ce manuscrit est le récit saisissant d'une plongée dans le monde de la précarité. Un monde où on ne trouve plus d'emploi, mais des « heures », un monde où l'on doit garder son téléphone toute la nuit pour répondre à une demande dans la minute. Un monde où les ouvriers avec emploi stable disparaissent au profit des travailleurs pauvres, intérimaires et sous-traitants. Ce récit est aussi l'occasion pour l'auteur de faire part de son expérience concernant les logiques qui animent les grands groupes industriels dans leur volonté de délocaliser, logique que rien ne semble remettre en cause et qu'illustre parfaitement l'effondrement du secteur automobile français. Si la classe ouvrière faiblement qualifiée, avec des emplois stables, un comité d'entreprise, des syndicats, une forte cohésion, s'est longtemps agrégée à la classe moyenne dans une sorte de vaste catégorie intermédiaire, cette classe sociale est aujourd'hui en voie de disparition, aspirée par la désindustrialisation à marche forcée de la France depuis les années 90. Il ne s'agit pas d'une étude sociologique ni d'un ouvrage de journaliste égrainant une liste d'interviews. Non, il s'agit simplement d'un récit rempli de tendresse et d'humanité sur une population modeste, en marge du monde, souvent caricaturée, et qui risque de disparaître.

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