Les Males Sans Cervelle Font Les Meilleurs Amants ; Et Autres Curiosites Zoologiques
Crump Marty
français | 22-05-2008 | 292 pages
9782221108475
Livre
19,50€
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Brève description / annotation
CHAPITRE 1 (...) Chez la veuve noire à dos rouge australienne (Latrodectus hasselti), le mâle incite véritablement sa partenaire à le dévorer. L'accouplement se fait sur la toile de la femelle. Après avoir exploré, tapoté et flairé le corps de sa belle, qui est beaucoup plus grosse que lui, il introduit en elle l'un de ses pédipalpes (un appendice qui transporte le sperme), puis il agite les pattes, effectue une pirouette et pose son abdomen contre les pièces buccalesde sa partenaire, disant on ne peut plus clairement : " Mange-moi. " La femelle a alors tout loisir de le consommer pendant la copulation. Le mâle se retire une fois achevé le transfert du sperme, cinq à trente minutes plus tard. Il a beau être mutilé, il se prépareen vue de la deuxième session, qui a lieu environ dix minutes après. Le revoilà qui explore, tapote et flaire vite fait sa partenaire, puis qui introduit son second pédipalpe. Nouvelle pirouette et nouvelle offrande d'un abdomen désormais ratatiné. La femelle plonge alors ses pièces buccalesdans le corps ainsi offert et continue sa digestion. Après totale insémination, le mâle affaibli se retire, et sa partenaire l'enveloppe dans la soie. En moins d'un quart d'heure, elle aura terminé son repas... Une étude de terrain révèle que, dans soixante-cinq pour cent des cas seulement, les mâles finissent cannibalisés. Ils font toujours leurs pirouettes, s'offrent comme repas, mais seules les femelles affamées acceptent de les manger. Le mâle ne représentant qu'un à deux pour cent de la masse corporelle de la femelle, le dévorer n'augmente ni le nombre ni le volume des oeufs à venir. Alors pourquoi le mâle se sacrifie-t-il ? Parce qu'il en tire deux bénéfices sur le plan de la paternité. Premier bénéfice : il copule deux fois plus longtemps et, de ce fait, féconde deux fois plus d'oeufs que s'il n'était pas mangé. Second bénéfice : la femelle étant moins encline à rechercher un nouvel accouplement après avoir dégusté un mâle, le dégusté en question a plus de chances d'engendrer une descendance. Si elle s'accouplait à nouveau, un second mâle pourrait féconder certains oeufs. Son suicide n'est pas un si grand sacrifice pour le mâle car, survivrait-il à cette copulation, il aurait peu de chances d'en connaître une autre. En effet, si une femelle peut vivre jusqu'à deux ans, un mâle, une fois atteinte la maturité sexuelle, a une espérance de vie de deux à quatre mois seulement. À partir de ce moment-là, il est même rare qu'il s'alimente, et, s'il survit à l'accouplement, il reste souvent sur la toile de sa partenaire. CHAPITRE 3 (...) Les sangsues sont deshématophages réputés. Ces vers aplatis au corps fuselé peuvent mesurer entre deux et... quarante-cinq centimètres, taille des monstres que l'on trouve dans le Bassin amazonien. La plupart vivent en eau douce, dans des étangs, des lacs, des ruisseaux, mais certaines préfèrent les océans, et d'autres encore les sols humides ou les végétaux. Les sangsues terrestres se rencontrent dans les zones humides d'Asie, sur l'île de Madagascar, ainsi qu'en Australie ; cramponnées à des feuilles humides, elles attendent, la ventouse antérieure en l'air, bouche ouverte, leurs innocentes victimes. Elles perçoivent les vibrations, la chaleur et l'odeur des mammifères, donc des humains. C'est grâce à sa ventouse postérieure que la sangsue se fixe sur son hôte, en général un vertébré. Avec sa ventouse antérieure, elle troue la peau de l'hôte à l'aide de ses enzymes digestives ou bien la perfore avec ses pièces buccalesaiguisées. Alors le repas commence. Ces suceuses de sangsont dotées de muscles puissants qui leur permettent une aspiration rapide. Comme les chauves-souris vampires, elles produisent un anticoagulant (appelé " hirudine " dans leur cas) qui empêche le sang d'épaissir. En fait, l'hirudine est le plus puissant anticoagulant connu. Une fois gavée, la sangsue tombe de son hôte. S'il le faut, elle pourra survivre plusieurs mois sans autre repas, attendant de trouver une nouvelle victime. Mais certaines sangsues d'eau douce sont des parasites externes qui restent accrochés à leur hôte sur de longues périodes : quand elles ont un petit creux, elles aspirent un repas. Ses talents de suceuse de sang ont longtemps fait de la sangsue une précieuse auxiliaire médicale. Pendant deux millénaires, la médecine a utilisé l'espèce européenne connue aujourd'hui sous le nom de " sangsue médicinale "(Hirudo medicinalis) pour saigner des patients atteints de toutes sortes de pathologies : maladie mentale, migraine, rhumatismes, asthme, obésité... et jusqu'à l'ivrognerie. On les délestait de leur sang car on imputait alors à un " excès de sang " de nombreuses maladies. On vous a sûrement déjà dit, quand vous donnez votre sang, que vous débarrasser de ce trop-plein de liquide est " bon pour la santé " ! C'est la version moderne de la même idée reçue. De nos jours, on emploie encore les sangsues médicinales, mais avec des motifs plus solides : pour résorber l'accumulation de sang dans les tissus à la suite d'une chirurgie esthétique et, en microchirurgie, pour ôter l'excès de sang contenu dans une oreille ou un doigt arrachés et qu'il a fallu greffer. En outre, la salive des sangsuessécrétantun inhibiteur de la coagulation, on réduit les risques de gonflement des tissus. La sangsue médicinale peut consommer jusqu'à cinq fois son poids en sang. Après quoi, elle prend plusieurs mois de vacances... Avant mon premier voyage d'étude dans la forêt tropicale équatorienne, mon père m'a dit : " J'espère que tu n'auras pas affaire aux sangsues. " Je lui ai demandé s'il parlait de celles qui attaquent Bogart quand il s'efforce de dégager l'African Queende la vase. Bogart a alors une réplique mémorable : " S'il y a un truc que je supporte pas, c'est bien les sangsues - ces petits démons abjects. " Papa a éclaté de rire, en ajoutant que les sangsues de Bogart n'étaient rien à côté des sangsues terrestres qu'il avait fréquentéessur l'île de Mindanao,dans les Philippines, pendant la Seconde Guerre mondiale. Quand il dormait à même le sol, il en était couvert. Elles se tortillaient sous ses vêtements pour atteindre la peau : aucune partie de son corps n'était hors d'atteinte. Quand il marchait dans la jungle, il lui fallait constamment les écarter avant qu'elles aient le temps de s'accrocher et de provoquer des plaies purulentes qui mettaient une éternité à guérir à cause de la chaleur et de l'humidité.
Détails
Code EAN : | 9782221108475 |
Editeur : | Robert Laffont |
Traduit par : | Marie-helene Sabard |
Date de publication : | 22-05-2008 |
Format : | Livre |
Langue(s) : | français |
Hauteur : | 241 mm |
Largeur : | 155 mm |
Epaisseur : | 26 mm |
Poids : | 465 gr |
Stock : | Article signalé épuisé par léditeur |
Nombre de pages : | 292 |