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Un catéchisme peut-il être doctrinal et missionnaire ? Peut-on exposer une doctrine immuable et annoncer un Dieu de miséricorde ? Telles sont les questions qui ont animé la recherche théologique de René Marlé. Son oeuvre offre des ressources pour sortir de l'ecclésiocentrisme qui entrave, aujourd'hui encore, la réception du concile Vatican II et la mission évangélisatrice de l'Église. René Marlé (1919-1994) a cherché à énoncer aujourd'hui la foi de toujours. Ce défi se présenta de front au moment de l'écriture du Catéchisme pour adultes des évêques de France (1991), dont il fut le rédacteur principal. L'ouvrage attendu devait être à la fois doctrinal et missionnaire. Cette double exigence mit en évidence la difficulté d'élaborer un catéchisme selon la théologie de la Révélation de Dei Verbum. René Marlé percevait les implications catéchétiques du changement de paradigme doctrinal et théologique amorcé par Vatican II. Il fallait honorer en pratique le primat de la grâce : attester la Parole de révélation et l'annoncer afin qu'elle s'accomplisse pour les hommes mais aussi, par le fait même, en eux. Il fallait entrelacer le « re-raconter » de la liturgie, de la Bible et des Symboles de foi avec l'argumentation, afin de permettre une « reprise de parole de vie ». Il fallait finalement forger un langage catéchétique qui réconcilie théorie et pratique, doctrine et pastorale, catéchisme et catéchèse, théologie et pédagogie, contenu et méthode. La tâche n'a rien perdu de son urgence aujourd'hui. La poétique de la grâce de René Marlé est une ressource pour sortir d'un ecclésiocentrisme fondé sur l'illusion de posséder la grâce et de défendre une doctrine immuable. L'enjeu est de ne pas laisser au bord du chemin les hommes et les femmes de ce temps, mais d'entrer en conversation avec eux.

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